La grande histoire du rasage et des barbiers en France
Indéniablement, la taille de barbe est aujourd’hui très tendance et les barber shops se multiplient rapidement en France.
Histoire de vous informer sur le sujet, revenons sur la longue histoire du rasage et du métier de barbier.
La pilosité masculine, objet d’entretien depuis la nuit des temps
D’après les spécialistes en histoire, sociologie et archéologie, les hommes ont toujours entretenu leur pilosité faciale. À la Préhistoire déjà, les hommes prenaient soin de leur barbe. Dans la Grèce antique, l’Égypte ancienne et la Rome d’antan, la barbe était un symbole de masculinité et de puissance, objet de toutes les attentions.
Barbier, une profession reconnue depuis le Moyen-Âge
Concernant le métier de barbier, il apparaît au Moyen-Âge dans le monde occidental. En France, la profession se retrouve inscrite au registre du travail dès le 12ème siècle. À l’époque médiévale, les barbiers ne s’occupaient pas exclusivement de la pilosité de la gent masculine. Ces professionnels à la lame bien affûtée pouvaient également être chirurgiens et/ou dentistes. En plus de tailler barbes et moustaches, les barbiers pouvaient donc arracher des dents, réaliser des saignées…
Les échoppes de barbiers et les enseignes qui les présentaient étaient également celles des chirurgiens. Ces enseignes traditionnelles sont à l’origine des enseignes actuelles des barbershops. La couleur blanche symbolise le bâton que les patients serraient durant les opérations pour améliorer la visibilité de leurs veines et intensifier le débit de sang lors des saignées et autres incisions. Le rouge correspond, quant à lui, au sang qui tachait les bandelettes de chirurgie usagées, accrochées sur un poteau devant les boutiques pour signaler leur ouverture.
Au 14ème siècle en France, les métiers se précisent et se distinguent les uns des autres. Afin de différencier clairement coiffeurs et barbiers, Charles V accorde des statuts aux barbiers. Une Confrérie des barbiers naît par ailleurs.
Comment se rasait-on avant ?
Pour raser leurs clients, les barbiers du passé avaient déjà recours à des instruments munis d’une lame droite. Toutefois, il ne s’agissait pas encore du coupe-chou moderne.
Pour un rasage parfait, on pouvait proposer une cuillère au client. Ce dernier la plaçait dans sa bouche pour l’aider à gonfler sa joue. La surface à dépiler était ainsi bien ferme et lisse, garantissant un rasage de très près et limitant les risques de blessure.
Le rasage au rasoir traditionnel ne se développe qu’au 19ème siècle. Auparavant, les Britanniques avaient toutefois déjà proposé un rasoir à lame droite en acier, précurseur du coupe-choux actuel avec lame pliable. Et c’est seulement au 20ème siècle que l’on découvre le rasoir de sûreté. Néanmoins, le rasoir à l’ancienne demeure le plus efficace. De nos jours, il reste d’ailleurs utilisé par tous les barbiers professionnels.
Le métier de barbier en France et ses mutations
Au 19ème siècle, le métier de barbier connaît de profondes transformations. Jusque là, les hommes trouvaient toujours une bonne excuse pour se rendre chez le barbier. On venait, bien sûr, faire raser ou tailler sa barbe par un expert. On venait aussi voir son barbier pour prendre l’air, retrouver des compères…
Par ailleurs, jusqu’à l’époque moderne, la population ne disposait pas toujours du temps, de la place, des installations et instruments nécessaires pour se raser à domicile. Pour rester présentable en toutes circonstances, un passage régulier chez le barbier s’avérait donc obligatoire. Mais la Révolution industrielle va grandement modifier le quotidien des gens. Cette nouvelle ère apporte son lot d’objets innovants, parmi lesquels les rasoirs jetables. Le rasage maison se développe, incitant les hommes à délaisser les salons de barbiers. Les nouveaux modes de vie forcent les barbiers à procéder à une reconversion professionnelle. Pour survivre dans un monde où ils ne sont plus incontournables, ils se spécialisent donc en soins capillaires. C’est ainsi que la profession de barbier commence à s’apparenter à celle des coiffeurs qui, eux, restent indispensables malgré les mutations sociales. C’est au 20ème siècle que la profession décline véritablement, avant de renaître de ses cendres à l’aube du troisième millénaire…
Le 20ème siècle ou la révolution du rasage
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, les hommes prennent soin de leur image et confient, à des professionnels dotés d’un solide savoir-faire, leur coiffure et la taille de leur barbe. Il faut dire que la mode est au bouc et à la barbiche, qui nécessitent beaucoup d’entretien.
1900-1970 : une longue période de résilience
En 1903, c’est le début de la révolution. Le rasoir Gillette à lame fine à double tranchant est breveté en France. On peut désormais se raser chez soi, sans risque de se blesser. Lorsque le brevet tombe en 1918, les nouvelles marques de rasoirs et de lames se multiplient rapidement. On découvre également plusieurs types de lames : lames standards qui s’adaptent à tous les rasoirs, lames spécifiques, lames à triple ou quadruple tranchant… Malgré la démocratisation du rasage à la maison, les barbiers n’ont pas dit leur dernier mot ! Pourtant, les épreuves à affronter s’enchaînent. Après le rasoir mécanique Gillette, ce sont les rasoirs électriques qui font leur apparition dans les années 30, avant de se développer dans les années 60. En outre, les rasoirs réglables se multiplient.
Nouvelle difficulté dans les années 1970, lorsque la mode masculine est à la barbe et aux cheveux longs. En France et dans les pays occidentaux, les hommes sont en effet de plus en plus nombreux à laisser pousser leur barbe et leurs cheveux. Ils expriment ainsi leurs affinités avec la communauté hippie, leur adhésion à un mode de vie nouveau et à de pacifistes idéaux. Et c’est à ce moment précis que commence le déclin des barbershops traditionnels. Un déclin accéléré par la naissance du premier BIC jetable en 1975.
Le saviez-vous ? Dans les années 1970-1980, on estimait qu’un homme pouvait se raser jusqu’à 14 fois par semaine. Changement de mode, fin des barbiers et démocratisation du rasage à domicile ont bien changé la donne puisque, aujourd’hui, les hommes se rasent entre 3 et 9 fois chaque semaine.
2000-2020 : l’ère de la renaissance
Les modes étant ce qu’elles sont, elles se sont succédé année après année et, à la fin du 20ème siècle, on a enfin vu ré-apparaître des poils sur les visages des garçons. Jusqu’à lors, la barbe pouvait renvoyer une image négative, à l’instar des tatouages, piercings et autres jeans troués. Mais assez récemment, elle est devenue tendance, sexy, virile, pleine de charme… Aujourd’hui, un barbu n’est plus un marginal ou un déviant ; il peut être stylé, élégant. Mais pour ce faire, sa pilosité doit être rigoureusement entretenue.
En l’occurrence, pour arborer une présentation parfaitement soignée, on a réalisé que les barbiers étaient d’indispensables alliés. Aussi des entrepreneurs ont-ils relancé le métier de barbier, en Europe et aux États-Unis, à la fin du 20ème siècle et, surtout, au début du 21ème siècle. Et la relance a fonctionné, boostée par la mode hipster, entre autres. On le voit dans les grandes villes françaises, de nouvelles boutiques proposant des services de barbier ouvrent chaque semaine. En plus des barbershops, les coiffeurs sont de plus en plus nombreux à se former pour compléter leur carte avec la taille de barbe et de moustache.
Disparu un moment, le métier de barbier a donc réussi son retour en force. Aujourd’hui, on vient voir son barbier pour avoir une barbe impeccable et pour peaufiner son look, mais également pour rencontrer d’autres barbus, discuter entre hommes, se faire conseiller par un expert en pilosité, essayer de nouvelles coupes… Et vous, quelle sera votre bonne raison de venir voir votre barbier ?
Prendre rendez-vous pour une coiffure au top